L’heure est à la prise de conscience écologique. Et même si cette année le jour du dépassement a eu lieu le 22 août, soit trois semaines plus tard qu’en 2019 « grâce » au confinement d’une partie de l’humanité en début d’année, nos balbutiements en la matière appellent à une plus grande maturité. L’écologie, c’est concret.
La tentation du manichéisme
Albert Camus disait : « N’attendez pas le Jugement dernier : il a lieu tous les jours ». Il en est de même pour le Grand Soir écologique. Alors que, plus que jamais, la planète étouffe, le débat fait rage entre d’un côté ceux qui souhaitent faire table rase des fondamentaux économiques de notre société occidentale pour laisser la place nette à une société 100% écologique (restant souvent à définir), et de l’autre ceux pour qui le quotidien prime, l’économie importe, et qui donc ne veulent rien changer qui ne leur coûte.
Or, comme le rappelait récemment Jean-Marc Jancovici, Président du think tank The Shift Project, « la grande question est d’organiser un monde dans lequel il n’y a pas de plus en plus mais de moins en moins. »
L’exemple le plus évident de ce fossé idéologique est celui du débat autour de la voiture, moyen de transport encore indispensable dans notre pays. Une fois le constat établi de la pollution de certains véhicules ou de leur consommation importante en carburant, les uns souhaitent immobiliser la plupart des véhicules en circulation, quand les autres, face à ces anathèmes, revendiquent le droit de rouler comme il leur plaît.
La troisième voie, celle de l’optimisation écolo-intelligente
Dans l’un et l’autre cas, les positions sont anti-écologiques. Dans le premier parce qu’envoyer à la casse une voiture qui est encore en état de rouler revient à gaspiller des ressources précieuses et à créer des déchets dont la pollution ne compensera pas celle économisée. Dans le second parce que nous n’avons plus droit au statu quo.
Entre les deux existe la seule voie du bon sens, celle à laquelle nous finirons tous par arriver, avec plus ou moins de délai selon le caractère irréductible de l’un ou l’autre camp. Celle qui consiste à adopter un cap et à remplacer, au rythme naturel de la durée de vie de nos équipements, nos véhicules par d’autres plus vertueux écologiquement. Heureusement, cette voie est déjà adoptée par certains.
Bâtiment : pour une rénovation vraiment écologique
Les mêmes débats existent dans le monde du bâtiment entre ceux pour qui la rénovation est une priorité absolue et ceux pour qui elle est accessoire.
Les deux points de vue ont raison, mais pas en même temps : bien sûr la rénovation est utile, à condition qu’elle s’organise en cohérence avec la vétusté du bâtiment. Si elle revient à casser un bâtiment qui protégeait ses habitants, même imparfaitement du point de vue de l’isolation par exemple, alors elle entraînera des surcoûts et du gaspillage de matériel peu écologiques – sans même parler de l’immobilisation du bâtiment lui-même. Quand on annonce des temps de retour de 20 ans ou 40 ans en bon français il faut comprendre « jamais » en fait, au vu des marges d’incertitude sur les calculs
Le potentiel écologique des capteurs communicants et de l’intelligence artificielle
Dans ce bras de fer entre passion et raison, entre laxisme et devoir, la technologie vient à notre secours. Nous n’avons plus désormais à considérer le bâtiment comme un tout inamovible à prendre tel quel ou à détruire pour reconstruire autrement.
Grâce à des mesures en continu et parcimonieuses et à l’intelligence artificielle nous avons désormais la possibilité de prendre la main sur les dépenses énergétiques d’un bâtiment complet, ou d’un étage seulement, pour les optimiser non seulement dans un but d’économie, mais aussi de confort et, dans le cas de bureaux, de qualité de vie au travail et de sécurité sanitaire.
Ce processus d’optimisation est possible grâce à l’installation d’un nombre réduit de capteurs dans l’immeuble qui renseignent sur la température des pièces, la qualité de l’air, la ventilation, etc. Ces capteurs permettent, grâce au machine learning, de générer des alertes et de tracer des actions d’optimisation quantifiées de la dépense énergétique et de les mettre en œuvre.
Par ce procédé simple et sans travaux, il est possible de réaliser en moyenne 25% d’économie d’énergie dès les premiers mois, tout en améliorant le confort thermique et la qualité de l’air dans la plupart des immeubles de bureaux. En complément d’une politique de rénovation cohérente avec la vétusté du bâtiment, nous sommes là dans une démarche d’écologie pragmatique. La seule qui nous permettra de relever concrètement les défis pressants qui nous font face, tout en créant les emplois de demain localisés en France.
Barbara Pompili, Ministre de la Transition écologique, déclarait récemment lors d’une interview : « Je suis arrivée ici parce que je veux gagner la bataille écologique, c’est le bon moment. » C’est en apprenant aux Français à marcher avant de courir que nous gagnerons cette bataille. Et c’est en commençant par ne pas dépenser l’énergie dont nous n’avons pas besoin que nous réduirons concrètement notre dette envers la planète.